LA CONCRÈTE D’IRIS, UN VÉRITABLE TRÉSOR ENFOUI !

Présenté à la cour de France, en provenance d'Italie, par la reine Catherine de Médicis elle-même au XVIe siècle, l'Iris est utilisé dans les parfums pour femmes et pour hommes, ainsi que dans les cosmétiques depuis la Renaissance !

Du mot grec "iris" traduit par "arc-en-ciel", et en référence à l'abondance de couleurs que la fleur d'iris offre dans la nature, ses rhizomes (racine externe) sont en fait utilisés pour obtenir l'un des ingrédients les plus précieux de la parfumerie.

Le mystère de l'Iris se cache sous terre, car il faut trois ans pour que ses bulbes poussent correctement sous nos pieds, et trois années supplémentaires pour qu'il dégage un parfum séduisant, floral-poudré et boisé... La patience est reine !

Mondialement connue pour son prix extravagant, la concrète d'Iris est la matière première centrale du parfum Iris Shot d'Olfactive Studio, de la famille florale-orientale. Son départ frais et épicé, ainsi que son accord Amande apaisant en coeur combiné à un sillage boisé-ambré, donnent une approche contemporaine et sophistiquée à cette fleur classique.

Utilisée depuis l'Égypte ancienne en médecine et même en viticulture, l'Iris florentina de Florence a longtemps été considéré comme la plus belle espèce et représente le symbole de sa ville natale depuis le onzième siècle.

Depuis le XVIIIe siècle, seulement deux espèces d'Iris ont été cultivées pour leurs précieux rhizomes : Iris pallida et Iris germanica, toutes deux originaires d'Europe centrale. Les bulbes de ces derniers sont réduits en poudre afin d'en extraire leur senteur florale poudrée pour le plus grand bonheur des parfumeurs !

UN INGRÉDIENT RENFERMANT DES SECRETS

Contrairement à la majorité des matières premières naturelles, l'Iris n'est pas un produit récolté mais stocké. En effet, on n'exploite ni ses tiges, ni ses feuilles, ni ses pétales, mais ses drôles de racines extérieures ressemblant à des pommes de terre, appelées rhizomes !

Après la plantation du bulbe, il est impératif d'attendre deux ou trois ans avant de les récolter, après quoi les rhizomes sont laissés à sécher pendant encore deux à quatre ans, et enfin broyés en une fine poudre. Il est nécessaire de protéger les bulbes de la chaleur, de l'humidité et des insectes pendant leur temps de séchage pour éviter de dégrader ou même de perdre la récolte.

Le trésor des iris ne s'arrête pas au sous-sol car ces années de séchage ont un but précis... Ce temps imparti permet aux bulbes au départ inodores de révéler leur valeur ajoutée olfactive, et surtout à un groupe de molécules appelées "irones" de se développer au sein de la composition chimique des rhizomes au repos.

Le pourcentage d'irone dans le produit final (concrète d'Iris) détermine sa qualité, plus il y en a mieux c'est, et peut aller de 8 à 15-20%.

En anglais, la racine externe ou rhizome de l'Iris est également appelée "Orris". Vous pouvez trouver cette matière première sous les deux appellations dans les parfums, ce qui explique aujourd'hui pourquoi vous pouvez trouver du "beurre d'iris" ou "orris butter".

PALLIDA ET GERMANICA : LES IRIDACÉES DE PRÉDILECTION DES PARFUMS

Sur les deux mille espèces différentes de la famille des iridacées, pas plus de deux variétés d'iris (mentionnées ci-dessus) sont utilisées dans l'industrie de la parfumerie.

La première, l'Iris pallida, qui est aussi l'espèce la plus célèbre en raison de sa culture d'origine toscane, est toujours cultivée à Florence et possède des fleurs bleu pâle, presque mauves. Saviez-vous que le mot latin pour pâle n'est autre que pallidus, d'où le nom de l'espèce en question comme vous l'avez peut-être deviné !

Le second, Iris germanica, reconnaissable à ses fleurs violettes ou blanches plus foncées, est endémique des Balkans en Europe centrale (tout comme l'Iris pallida), bien qu'il soit également un symbole de la parfumerie italienne.

L'Iris germanica est de moins bonne qualité en raison de son plus faible pourcentage d'irone. Les deux espèces sont aujourd'hui principalement produites en France (Grasse), au Maroc (au sud de Marrakech), en Chine (province du Yunnan) et en Turquie (région d'Isparta). Ils sont également cultivés dans de plus petites proportions en Inde et en Tunisie.

Historiquement, l'Iris Florentina (en fait une variété d'Iris germanica) de Florence était l'Iris le plus exploité, surtout aux XVIIe et XVIIIe siècles. Reconnaissable à ses fleurs blanches, légèrement teintées de bleu, il était très apprécié dans toute l'Europe. Dans le traité de Simon Barbe de 1699 "Le parfumeur royal", celui-ci écrit "Il ne faut choisir que les racines les plus blanches et les moins tachetées ; celles de Florence sont les plus belles".

A partir de 1850, l'Iris florentina est laissé de côté, au profit de l'Iris pallida dont le rendement est plus élevé et dont le parfum est plus proche de celui de la violette.

Pour obtenir la concrète (ou beurre) d'Iris, qui correspond à une essence solide (par opposition à une huile essentielle liquide), on utilise la méthode de l'hydrodistillation (distillation à la vapeur d'eau), alors que pour l'Iris résinoïde, on utilise un procédé d'extraction au solvant volatil. Si ce dernier est nettoyé à l'alcool, de l'absolue d'Iris peut être obtenue par la méthode de distillation fractionnée.

LA CONCRÈTE D'IRIS DANS LES PARFUMS D'OLFACTIVE STUDIO

IRIS SHOT

Le départ possède une facette fusante et métallique attribuée aux Aldéhydes d’Iris. On perçoit ainsi tout de suite l’Iris (Iris pallida), moderne et poudré, comme à son habitude. Son côté boisé-sec, terreux voire presque poussiéreux, irradie la fragrance depuis le coeur. La tête est également très épicée nous offrant la finesse de l’essence de Cardamome (Elettaria cardamomum), à la fois fraîche par son côté zesté et aromatique qui ne nous échappe pas, et chaleureuse par sa facette cinnamique et orientale.

Se marie à la « reine des épices », sa consœur plus froide mais tout aussi délicieuse, la Baie rose de Madagascar (Schinus molle), redouble la facette aromatique avec son côté poivré et fusionne la tête et le cœur soliflore par son aspect floral. L’Absolu bourgeon de cassis (Ribes nigrum), matière première naturelle de la famille verte possédant un côté soufré distinctif, apporte vitalité et naturalité à l’ensemble.

C’est un Iris consistant et linéaire, fidèle aux rhizomes si précieux, dont l’odeur ne peut être extraite qu’au bout de 6 ans (trois ans de culture et trois ans de séchage).

L’accord lait d’Amande se laisse deviner petit à petit par sa facette suave et amandée, rappelant d’onctueux desserts parfumés. Cette note balsamique arrondi le fier Iris pour l’envelopper de douceur. L’essence de Graine de carotte (Daucus carota), accentue d’autant plus le bel Iris que les deux ingrédients partage une facette boisée, terreuse, véritablement ancrée dans le sol. Parfum très en cœur par sa fleur vedette, le fond y trouve tout de même sa place car le Cèdre Virginie (Juniperus virginiana), qui amène une dimension boisée différente, plus résineuse, évoquant l’écorce de l’arbre américain.

Le Vétiver d’Haïti (Chrysopogon zizanoïde), apporte une touche humide contrastant avec le caractère sec des autres ingrédients, ainsi qu’une facette fumée qui lui est propre! L’ambroxan, qui porte bien son nom, amène une puissante note ambrée au fond, participant à la substantivé au parfum.

Parfum élégant et cocoon, Iris Shot explore les genres en remettant au goût du jour une fleur des plus belles, longtemps associée aux poudres de riz et rouge à lèvres en cosmétique.

 

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LUMIÈRE BLANCHE

Lumière Blanche est un parfum très doux et tout en discrétion. Si le départ est assurément épicé, il a la particularité d’être boisé dès les premières notes, qui malgré leur volatilité de cœur/fond, nous percutent dès la tête. Notre nez rencontre à la fois des épices dites « froides » et « chaudes ». Nous trouvons parmi les premières l’essence de Cardamome (Elettaria cardamomum) qui se distingue par sa facette zestée (sans être hespéridée) et l’essence de Badiane ou Anis étoilé (Illicium verum) apportant cette petite note anisée combinée à une légère touche de réglisse (que je sens plus difficilement que ses deux sœurs épicées), l’une de ses facettes caractéristiques.

Quant aux deuxièmes, elles sont représentées par leur chef de file, l’essence de Cannelle (Cinnamomum verum) très cinnamique (mot partageant d’ailleurs la même étymologie) mais aussi remarquablement boisée, tout en étant un poil gourmande grâce aux notes amandées qui suivent !

Le cœur se pare d’un bel Iris (Iris pallida) nous dévoilant sa facette poudrée-irisée qui nous rappelle l’accord poudre de riz lui conférant un effet « cosmétique ». Il est allié à un accord Lait d’amande des plus onctueux avec ses notes balsamiques, coumarinée (issu de la molécule coumarine à l’odeur d’amande) et dont le côté gourmand se marie avec la Fève tonka (Dipterix odorata), elle aussi amandée-vanillée.

Notons que la Cannelle est très intéressante en composition lorsqu’elle rencontre le Santal…comme dans Lumière Blanche.

Dans cette fragrance épicée-poudrée-boisée, l’essence de bois de Santal (Santalum album) est omniprésente, on le perçoit dès la tête, jusque dans le fond, et si l’on va encore plus loin, dans le merveilleux sillage qui perdure sur la peau. Nous rencontrons le santal dans toute sa splendeur avec son côté évoquant les fleurs jaunes, un peu gras et sa facette lactonique si soyeuse.  L’essence de Cèdre (Juniperus virginiana), boisé-sec et brut, soulignent le chaleureux fond boisé de ce parfum si contrasté.

Les muscs, notamment le Cashméran avec son singulier aspect terreux, se distinguent par leur facette crémeuse, et se joignent ainsi au côté lactonique du Santal et du Lait d’amande. Leur alliance accentue l’effet doux et lacté procuré par la fragrance.

Lumière Blanche nous procure une sensation de chaud-froid de la tête au fond, tout en nous enveloppant dans un voile de douceur épicé-lactée rappelant le thé chai si réconfortant.

 

 

LEATHER SHOT

En tête de Leather Shot nous sentons tout de suite la facette hesperidée, acidulée de l’Orange Bigarade ! Aussi appelée Orange douce (Citrus aurantium), celle-ci s’accorde si bien avec la facette zestée évoquant le citron, de la Cardamome (Elettaria cardamomum). Cette épice si appréciée de la parfumerie de luxe possède également un côté poivré conférant au départ du parfum une dimension aromatique.

En cœur, une autre épice est présente à l’appel, ce n’est autre que le Cumin (Cuminum cyminum), plus discret mais distinguable par l’effet Femme de Rochas qu’il procure : le parfum mythique épicé-fruité créé en 1944 par Edmond Roudnitska né d’une overdose de cumin en coeur), et sa facette sensuelle, aux accents cuirés.

Inutile d’attendre le fond pour percevoir les notes Cuirées, rappelant un cuir lisse. L'Iris majestueux (Iris pallida) avec sa facette boisée-sèche se ressent en cœur et perdure dans le fond. L’absolu Thé noir (Camellia sinensis) évoquant le caractéristique thé Ceylan offre un effet naturel et s’accorde avec la facette cuirée. Le fond de la fragrance soutient bien le cœur cuiré, un cuir moderne et réinventé.

Le Santal (Santalum album) et le Cèdre (Juniperus virginiana) s’entremêlent dans un fond fort boisé avec le Vétiver (Chrysopogon zizanoide). Si le premier se veut lactonique et gras, avec une facette fleur jaune et évoquant les orientaux, le deuxième s’impose par sa naturalité rappelant les grandes forêts de cèdres en Virginie. L’accord Bois flotté va de pair avec ses confrères boisés et le Vétiver ne passe pas inaperçu avec sa facette noisette et fumée, qui se marie très bien avec le cuir. Le tout est très harmonieux, offrant une fraîcheur persistant tout au long de l’évaporation des différentes notes.

Leather Shot est un cuir à la fois épicé, et boisé, possédant aussi une touche héspéridée et poudrée lui conférant son allure si élégante.

 

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L'IRIS, UN ÉLÉMENT LUXUEUX EN PARFUMERIE

Iris sauvage des Pyrénées (Iris latifolia) ©m_arneti 

Comme beaucoup de matières premières florales, l'iris est une note de cœur, mais son odeur particulière poudrée et boisée en fait une note de coeur-fond pour certains parfumeurs. Son parfum est à la fois complexe et délicat.

Le prix stupéfiant de sa concrète peut aller de 10 000 à 12 000 € le kilogramme, selon les années. Quant à l'absolu d'Iris, il coûte environ 70 000€ le kilogramme, le rendant plus cher que l'or !

L'irone alpha (avec la bêta et la gamma), dont le pourcentage est inscrit sur le flacon de la concrète d'iris, est un vrai gage de qualité. Pourquoi donc ? Car un pourcentage plus élevé de cette molécule est synonyme de meilleures propriétés olfactives.

En termes de réglementation, la concrète d'Iris est auto-limitée par son prix élevé. Qu'est-ce que cela signifie ? Simplement qu'étant donné son prix exorbitant, les parfums ne contiennent jamais assez de concrète d'Iris pour que la réglementation concernant ce dernier s'applique à eux. Cette réglementation concerne les allergènes et l'IFRA (l'Association internationale des parfums qui promeut l'utilisation sûre des parfums).

QUI DIT PRIX D'EXCEPTION DIT SOLUTIONS INGÉNIEUSES

De nombreuses "bases Iris" ont été formulées par des maisons de composition (Givaudan, Robertet, etc.) en raison du prix colossal de la matière première naturelle. Elles sont constituées de molécules synthétiques présentes dans la concrète d'Iris naturellement, mais aussi d'autres molécules (pas forcément présentes) offrant des facettes poudrées-boisées rappelant l'Iris. Souvent appelées "concrète d'Iris synthétique ", ces bases peuvent contenir des molécules captives (produit chimique odorant ou aromatique retenu par le fabricant d'origine pour être utilisé exclusivement dans ses propres parfums/bases afin de les protéger des imitations).

IRIS BLANC VS IRIS NOIR

Depuis le début du vingtième siècle, deux méthodes ont été employées pour traiter les inestimables rhizomes. La première, également la plus ancienne, est née à Florence et à Vérone et se veut unique au monde car les bulbes sont soigneusement pelés pour obtenir un "iris blanc". Seuls des ouvriers qualifiés qui travaillent depuis longtemps dans le secteur de l'iris peuvent mener à bien ce long processus, le rendant très coûteux.

Vient ensuite la méthode de "l'iris noir", qui consiste à couper les rhizomes non pelés en tranches. Cette opération est réalisée parce que les bulbes étant récoltés cinq ans après leur mise en terre, ceux-ci deviennent trop durs pour être épluchés ! Offrant une odeur plus boisée ne les rendant pas aptes à la distillation, ils sont alors extraits avec un solvant volatil pour obtenir un résinoïde d'iris de faible qualité.

UN PARFUM D'ANTHOLOGIE...

Olfactivement parlant, la concrète d'Iris appartient à la famille olfactive florale poudrée, et offre des facettes rappelant la violette, des notes boisées, vertes, et même des aspects cuirés daim, et terreux carotte !

Cette note florale poudrée a beaucoup été utilisée avec des notes boisées grâce à sa facette boisée-sèche, ainsi qu'avec des accords Violette grâce à l'aspect poudré que les deux fleurs partagent. L'Iris est également intéressant lorsqu'il est associé à des notes vertes et cuirées.

Il est sans doute la note florale la plus utilisée dans les parfums masculins, et c'est historiquement la note la plus représentative des cosmétiques et des rouges à lèvres. Sa présence parmi les premières poudres de riz a d'ailleurs donné naissance à l'appellation "notes poudrées". 

Il agit également comme un très bon fixateur qui "fixe" les autres matières premières présentes dans la composition, conférant au parfum une plus grande substantivité (propriété de longue durée). 

...MERCI LA CHIMIE !

Si la concrète Iris germanica détient 60% d'alpha-irone, et 40% de gamma-irone (sur le pourcentage total d'irones qui peut varier de 8 à 15-20%), c'est l'inverse pour sa cousine pallida qui contient 60% de cette dernière et 40% d'alpha-irone.

En plus de ces composants de grande valeur olfactive, les deux espèces contiennent des acides gras (d'où le terme de beurre) tels que l'acide myristique, l'acide laurique et l'acide palmitique. Les ionones, un groupe de molécules à l'odeur violette et boisée (également présentes chimiquement dans la violette) font également partie de la composition chimique des rhizomes, et sont davantage utilisées que les irones en raison de leur prix plus avantageux.

UN PEU D'HIST-ORRIS !

Longtemps considéré comme un symbole de majesté et de puissance, l'iris était déjà employé dans l'Égypte, la Grèce et la Rome antiques car il possède des vertus médicinales. Le botaniste et pharmacologue grec Dioscoride le considérait comme un bon expectorant et, à l'époque médiévale, l'Iris pallida, l'Iris germanica ainsi qu'une troisième espèce, l'Iris pseudocarus, figuraient dans " Le livre des médecines simples ", sorte d'herbier thérapeutique de l'époque. À l'époque, l'Iris était déjà utilisé comme composant cosmétique dans les poudres pour le visage et les cheveux !

Au XVIe siècle, il fut apporté de Toscane par Catherine de Médicis, à la cour de France. La reine rendit l'ingrédient populaire en portant des gants de cuir parfumés à l'iris, un accessoire à la mode chez les nobles et les aristocrates.

Depuis, sa notoriété n'a cessé de croître et il devint au XVIIIe siècle la matière première vedette des poudres de riz, plus tard des rouges à lèvres, puis un ingrédient prestigieux de la parfumerie moderne.

QUELQUES IRIS EMBLÉMATIQUES AU COURS DU TEMPS

L'un des premiers parfums célèbres de la parfumerie moderne autour de l'Iris, est l'Iris Gris de Jacques Fath composé par le parfumeur Vincent Roubert en 1947. Ce parfum floral avait l'audace de présenter une note de pêche donnée par l'aldéhyde C14, qui combinée à la concrète d'Iris donnait à Iris Gris un véritable jeu de texture et de profondeur ! Malheureusement, ce parfum unisexe inégalé a disparu du marché durant les années 1950.

En 1970, Chanel a lancé Chanel n°19 créé par Henri Robert, le parfumeur attitré de Chanel à l'époque. Ce parfum floral vert pour femme associe l'Iris à des fleurs iconiques comme la rose et l'ylang-ylang, à des fleurs délicates comme le muguet, et à un fond boisé-terreux de Santal et de Vétiver.

Hiris d'Hermès, créé en 1999 par la parfumeure Olivia Giacobetti, est un autre parfum floral-vert soliflore qui interprète l'Iris avec charme.

Plus récemment, en 2005, Dior a lancé son célèbre parfum Dior Homme composé par Olivier Polge (IFF), un Iris masculin parmi les best-sellers actuels, et en 2007 Prada a commercialisé Infusion d'Iris, un parfum floral-boisé-musqué composé par Daniela Andrier (Givaudan), lauréat d'un FIFI Award en 2008.

DE LA POÉSIE POUR NOURRIR L'ÂME

Si vous pensiez que "arc-en-ciel" était le seul secret étymologique derrière le mot iris, eh bien... vous vous trompez ! Iris est également le nom de la messagère des dieux dans la mythologie grecque (en fait l'équivalent féminin d'Hermès). Tout comme Hermès, elle possède des ailes, dont la forme est rappelée par les pétales de l'iris, ce qui explique à nouveau le nom de la fleur.

L'aspect mystique indéniable de l'Iris en a fait une source d'inspiration pour de nombreux auteurs et poètes. Homère écrit à propos de la déesse "Iris, aussi rapide que les vents... se lève et traverse l'espace en un instant".

Au XIXe siècle, Chateaubriand cite la fleur : "Ma vie, comme un iris solitaire cultivé sur les bords du fleuve du temps, donne sa fleur aujourd'hui", et un siècle plus tard, le célèbre écrivain français Marcel Proust écrit à propos du parfum de cet ingrédient emblématique : "Je suis monté pour sangloter au sommet de la maison, à côté de la salle d'étude, sous les toits, dans une petite pièce qui sentait l'iris".

Proust appréciait-il le parfum de l'iris autant que celui des madeleines ? Le monde ne le saura peut-être jamais ! Mais nous pouvons être sûrs d'une chose : "quelle poudre de fleur" est la fleur d'Iris ! Et le parfum Iris Shot d'Olfactive Studio redonne vie à cet ingrédient singulier néanmoins classique, en embellissant ses rhizomes emblématiques dans une fragrance contemporaine.

Anna Grézaud-Tostain pour Olfactive Studio